Faire respecter la parole de l'enfant qui dénonce des violences, des maltraitances ou des abus sur sa personne

Constat: Les droits des pères, même agresseurs, même menaçants, sont devenus littéralement intangibles : même en cas de viols on de violences avérés, les pères conservent toutes leurs prérogatives et les sanctions contre les mères et intervenants tentant de protéger les enfants sont de plus en plus sérieuses. Nous alertons les pouvoirs publics sur ces dérives inadmissibles et destructrices pour les victimes.

Le Collectif féministe contre le viol a remis le 22 juin 1999 au ministère de la Justice un rapport d'enquête sur le thème - Agressions sexuelles incestueuses dans un contexte de séparation des parents, dénis de justice - rapporte (1):

" Nous avons de plus en plus d'appels à l'aide de parents d'enfants très petits (moins de sept ans), la plupart du temps des mères. En cas de divorce, nous constatons souvent que des enfants qui dénoncent des agressions sexuelles, ne sont ni crus ni entendus par la justice. Quand un enfant dénonce des violences sexuelles exercées par un parent, le plus souvent le père, on ne dit plus qu'il ment, on parle de fausses allégations. Ensuite, on essaie de démontrer que l'enfant est manipulé ou influencé (sans mauvaise foi) par l'entourage. Or nous avons des témoignages d'enfants avec des paroles d'enfants qui ne laissent aucun doute sur la réalité des faits. "

Interrogée par l'association Mères en lutte (Lyon), le docteur Emmanuelle Piet , médecin de Pmi en Seine-Saint-Denis coordonne depuis treize ans les campagnes contre les agressions sexuelles et la maltraitance des enfants. Elle est formelle: Nous assistons à la mise en place de la stratégie de défense des agresseurs. Elle joue sur plusieurs tableaux. Il y a la théorie des fausses allégations et on lit ici et là que 80 % de ces dénonciations pour agression seraient des faux (…) . Les médecins et les professionnels qui font des signalements sont traînés en justice et sanctionnés. Tout cela est trop bien orchestré".

(1)ITW Alternative Santé, L'impatient, Décembre 1999

Il serait aussi primordial que les enquêteurs ne partent de l'a priori selon lequel les enfants formulant des accusations contre un parent dans un contexte de séparation sont des menteurs

De nombreuses études nord-américaines établissent formellement que le pourcentage d'allégations mensongères est généralement très faible et qu'il n'augmente pas dans un contexte de séparation ou de divorce. Les pourcentages de fausses allégations sont de 1,6% pour les enfants de moins de 3 ans, 1,7% pour les 3-6 ans et 8% pour les adolescents, soit 4,7% en moyenne, selon le rapport du ministère de la Justice du Canada (1)

(1) Etude d'Everson et Boat (False allegations of sexual abuse by children and adolescents, in J. Am. Acad. Child Adolesc. Psychiatry 28 : 230-235, 1989

En France selon l'enquête demandé par le ministère de la justice il y a " 3 à 7 fausses allégations pour....1000 dossiers"

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(2) Enquête réalisée à la demande de la Direction des affaires Criminelles et des grâces dans les tribunaux de Nanterre, d'Evreux et de paris.)

L'enfant, victime collatérale d'un mari violent

Quand un homme frappe sa femme à la maison, l'enfant n'est pas témoin, il est victime.

Dans 40 % des cas, la violence commence lorsque la mère est enceinte et l'enfant est tapé alors qu'il est dans l'utérus. Beaucoup naissent prématurés, certains ont des membres cassés.

Depuis le début de l'année, huit femmes ont été tuées par leur partenaire en Seine-Saint-Denis. Presque à chaque fois, l'homme a profité de son droit de visite auprès de son enfant pour agir. "Même après avoir été condamné à de la prison, un père violent peut obtenir la garde de son enfant, la garde alternée ou le droit de visite", s'insurge Ernestine Ronai, responsable de l'Observatoire.

Deux explications : soit le juge aux affaires familiales n'a pas connaissance de la dangerosité du père, soit il a vu la condamnation dans le dossier, mais il estime que l'enfant a malgré tout besoin de son père." "Les visites doivent être encadrées, et la mère et son enfant protégés", estime la responsable, qui mise sur la campagne pour modifier les comportements de la justice à l'égard des enfants.