Féminisme et maternité

Si le féminisme s'est arrêté aux années 1970 où un courant spécifique a vu la maternité uniquement comme une fonction sociale, qui fait des femmes des "esclaves", ou l'enfant n'est considéré qu'au vu de la disponibilité qu'il exige de sa mère, ou l'on parle de la maternité que sous le registre du travail domestique non rémunéré ... nous pouvons affirmer que nous ne sommes pas de cette génération de féministes.

Nous sommes des femmes qui travaillons, qui participons à la vie de la société, et qui revendiquons cette incroyable expérience humaine, qu'est la maternité, dans ce qu'elle a de plus « naturelle » ou biologique.

Elisabeth G. Sledziewski*«le féminisme pourrait, en osant penser à neuf la maternité, trouver l'occasion historique de transformer un discours défensif et militant en discours sur les nouvelles exigences de la condition humaine, et donc en message éthique universel . L'osera-t-il ? Je l'espère.»

Les mères ont acquis leur autonomie et leur droit au travail et souhaitent le partage des tâches (même si elles font toujours leur "double journée").

En tant que militantes féministes actives, nous revendiquons la liberté de faire des choix, et ce, pour toutes les femmes, dans la sphère privé et familiale, comme dans la sphère sociale et professionnelle.

Nous nous élevons contre les jugements discriminatoires et sexistes qui condamnent ces choix ; celui de ne pas souhaiter enfanter, ou au contraire celui de se consacrer à l'éducation et aux soins des enfants que l'on a portés. Les premières ne sont pas des "abominables égoïstes" et les secondes ne sont pas des "pauvres femmes au foyer".

Chacune a la droit d'être respectée dans ses choix, et chacune apporte à la société sa « création » unique.

Le sort des mères concerne toutes les femmes. Les problèmes des mères font partie intégrante du combat des femmes. A toutes les femmes qui sont la fois mères, guides, confidentes, enseignantes, soignantes...

*Intervention de Mme Sledziewski, lors du 3e Congrès de maternologie, 10 novembre 1999.
Elisabeth G. Sledziewski est philosophe et maîtresse de conférences de science politique à l'Institut d'Etudes Politiques de Strasbourg et à la Faculté de droit de Rennes. Elle a publié de nombreux travaux universitaires sur la genèse du sujet politique moderne de la Révolution à nos jours, notamment sur l'identité du sujet féminin.