Point de rencontre-Dec09-

1er point rencontre...

1er point rencontre...

Je m'y rends enthousiaste, mon enfant va pouvoir connaître son père autrement que ce que nous avons connu jusqu'à aujourd'hui, il aura cet équilibre mère / père dont chaque enfant a besoin...

Il est 14h, j'ai du réveiller mon bébé de sa sieste pour me rendre au rendez vous, il est fatigué. Je suis en route et reçois un coup de téléphone:
-"Madame c'est le point rencontre, je vous demande de vous dépêcher le père attend depuis 30 minutes"
"Mais Madame nous avons rendez vous à 14h30!"
"Je vous dis de vous dépêcher, il attend et s'impatiente"

Pression.

Je me dépêche ne comprenant pas vraiment pourquoi je dois désormais m'y rendre avant l'heure convenue. Je me rend à l'adresse indiquée sur la convocation, assez sommaire je dois dire. Nous entrons dans la ZUP, et roulons lentement en bas de ces grands ensembles délabrés.Ca ne m'inspire pas confiance d'être dans ce quartier et je me demande à quoi ressemblera le local que j'avais imaginé pour accueillir mon amour de bébé.

Ca y est, nous y sommes. C'est quoi ? C'est là tu es sur ? Mais c'est un HLM !

Je descend de la voiture et tente de « positiver « je suis certaine que ça sera un superb endroit , la devanture ne veut rien dire. J'arrive devant cette grande porte avec mon enfant dans les bras ; on me demande de taper un code. Mais quel code ? Je vérifie sur la convocation … rien !
Un enfant passe et ouvre la porte j'en profite et me faufile. Je monte les étages en cherchant une porte sur laquelle serait noté « Point rencontre ». Tiens une porte avec une plaque « association », je sonne. Rentre. J'arrive dans un couloir, il y a des haltères de musculation au sol, des vêtements... C'est bizarre. Les intervenants vivraient-ils dans leur local associatif ? Dans la seconde pièce un grand monsieur , aux épaules très larges me dépassant d'au moins trois tête, m'oblige à lever les yeux au ciel pour capter son regard.

•« Qu'est ce que vous faites chez moi ? » me dit-il d'un ton guerrier.
•« Heuuu , j'ai du me tromper je cherche le point rencontre ».
•« C'est en bas, ici vous êtes chez moi » !
•« ok, ok, excusez moi encore, et merci ! »
et il claqua la porte un grand coup.

Je me dis que cet accueil ne sera pas celui de l'association et je redescend, "positivant", les trois étages montés à pied avec bébé dans les bras. Ca y est, on m'indique que c'est cette porte. Je passe la porte, je suis fasse à une cuisine vide.

"C'est vous madame B ?", puis une dame se jette sur moi m'arrachant le bébé des bras comme une furie .Mon enfant s'accroche à mon cou, hurle, il ne comprend pas ce qui se passe et moi non plus. Je demande à la dame de se calmer, en lui disant que l'on peut faire les choses autrement, mon bébé pleure !

"Mettez-lui la tétine dans la bouche" me répond t'elle sur un ton autoritaire avec un accent polonais. Je la lui mets dans la bouche comme pour lui dire de se taire, mettant de coté mes principes qui font qu'une « tutute » n'est faite que pour la sieste. Je vois mon bébé partir dans une pièce en hurlant et me regardant avec des yeux apeurés. Le ciel s'écroule. On m'ordonne de quitter les lieux.

Impossible j'entend mon bébé de 6 mois hurler, c'est viscéral je ne peux pas, je me positionne cette fois et je reste ! Je m'adresse à une intervenante et lui demande pourquoi il n'y a pas de préparation pour cette première rencontre comme je l'avais demandé au préalable lors de mes différents appels téléphoniques .On me fait comprendre que je fais chier avec mes questions débiles !

Je suis dépitée, mon enfant hurle toujours, je ne peux rien faire je dois attendre face à cette porte fermée .Je n'ai même pas eu le temps de parler de la tétée, de comment il se sentait avant d'arriver…

Je suis abasourdie par l'indifférence des intervenants face aux hurlements de mon fils et de ma présence .Je suis debout dans le couloir fasse à toutes ces anciennes chambres aménagées en lieu de rencontre version HLM .Tout est sale. Les tapis de sol sur lesquels les enfants doivent pouvoir jouer, des traces de régurgitations dessinent des feux d'artifices sur les fauteuils, ça me répugne, les jouets ont cent ans et la poussière couvre tout objet tel un manteau de neige tombé sur le point rencontre.

J'entends d'autres enfants pleurer derrière d'autres portes, mon cœur se fend .Mais où suis-je ? Dans quoi me suis je encore embarquée ? Et mon bébé ? Que font-ils à mon bébé pour qu'il hurle ainsi? Je m'adresse à la personne devant moi : "Madame pouvez-vous jeter un coup d'œil dans cette pièce, vous entendez mon enfant pleure"
"Ecoutez je n'ai pas le temps et c'est son père, vous n'avez rien à faire là .De plus si il pleure c'est qu'il sent votre présence."me dit-elle avec une arrogance. Elle repart s'asseoir avec ses collègues boire son café fumant.

Moi aussi je commençais à fumer de partout, mes yeux mes oreilles, mon cœur mon cerveau, mes tripes….Je suis chez les cinglés je vais me réveiller. Elle n'est pas psychologue, c'est une vilaine vieille femme qui vient hanter mes nuits, je ne suis pas dans un point rencontre je suis à l'abattoir pour enfants et mamans, je vais me réveiller...
Une heure est passée à faire les cent pas dans cet étroit et sombre couloir. Les minutes étaient aussi longues que des journées et des nuits.

Je récupère mon petit oisillon, amorphe. Il fixe les murs. Son regard est vide. Il n'entend plus ma voix, il est totalement vidé, épuisé, choqué par tant de brutalité, de désordre, d'ignorance et de violence.

Je saisis à quel point l'adulte est bête et ignorant. Je saisis que je suis tombée avec bébé dans un panier de crabes conscient de leur pouvoirs et de leurs « droits à dominer » toute et chacun sans foi, ni loi.
La chute est brutale, je vais en toucher un mot à la juge qui ne doit pas savoir ce qui se passe ici…

AB Maman SOS
(dec 2009)

Juste pour dire...