Caen: il paie des légionnaires pour enlever son ex compagne

Dans Ouest-France du 28 janvier, on apprend qu'un délégué sos papa, déjà condamné pour avoir enlevé par deux fois et durant plusieurs mois ses enfants, aurait tenté de faire enlever et éliminer son ex-femme avec l'aide de membres de SOS papa.

On a du mal à imaginer jusqu'ou le harcèlement de cet homme a pu aller pour compromettre la mère de ses enfants et la faire disparaître de la vie des enfants…

Voici l'article de Jean-Pierre BEUVE dans le journal Ouest-france et celui de Louis Laroque du Point, intitulé "Des pères prêts à tout".

Des légionnaires recrutés pour enlever son ex ?

Deux jours d'audience sont prévus à Caen pour examiner le dossier d'enlèvement d'une Caennaise de 34 ans. Faits reprochés à son ex-compagnon actuellement en détention provisoire.

«La pharmacienne de Caen alimente les soirées bourges en drogue.» À trois reprises fin 2007, ce message anonyme parvient à la brigade des stupéfiants des policiers de Caen. Rien d'inhabituel : dans le milieu des dealers, on « balance » souvent pour écarter un concurrent.

En décembre, quatrième message anonyme : «la pharmacienne a planqué la marchandise dans sa voiture. » Et d'indiquer le parking d'un centre commercial Carrefour caennais, où la Kangoo rouge est garée.

Totalement surprise, la femme de 34 ans, employée dans une parapharmacie, laisse les policiers agir : les chiens antidrogue flairent vite un sac plastique contenant 100 grammes de cocaïne. Cette fois, la Caennaise, dont le doctorat portait sur les produits stimulants du système nerveux classés stupéfiants (MDMA), apparaît abasourdie. Une perquisition à son domicile se révèle en revanche vaine.

« Cette affaire pue »

L'attitude et les déclarations de la suspecte font tiquer les enquêteurs qui, c'est exceptionnel, ne demandent pas de garde à vue : « Cette affaire pue ». Les policiers découvrent que les sacs contenant la cocaïne proviennent bien d'un magasin Carrefour mais du sud-est de la France. Là où réside l'ex-compagnon de la femme avec lequel les relations sont plus que tendues au sujet de la garde des enfants.

Se profile l'hypothèse d'une vengeance. Les policiers de la PJ de Caen prennent le relais dans le cadre d'une information judiciaire ouverte par le parquet de Caen. Les écoutes téléphoniques branchées sur l'ex-compagnon font basculer les enquêteurs dans un autre univers.

Jouant avec une dizaine de portables, utilisant les cabines publiques, Fabrice Devaux*, 39 ans, cadre commercial, habitant Jouques (Bouches-du-Rhône), entre en contact avec deux légionnaires du 2e régiment étranger du génie (2e REG), basé à Saint-Christol (Vaucluse) et un autre du centre de recrutement de la Légion étrangère d'Orange (Vaucluse).

Deux, un ressortissant malgache et un Allemand de 24 ans, donnent suite. Selon les éléments de l'enquête, tous deux se seraient vus proposer 30 000 € pour enlever la pharmacienne et la ramener dans la région d'Aix-en-Provence. L'un des légionnaires aurait fait le déplacement à Caen pour repérer les lieux. Des photos du logement de la jeune femme ont été découvertes au domicile d'un des « soldats perdus ».

Malle et pistolet

En avril 2008, Fabrice Devaux est interpellé, mis en examen et placé en détention provisoire à Caen, où il se trouve toujours. Au fil des mois, les légionnaires ont été interpellés ainsi que d'autres complices impliqués dans le repérage ou l'affaire du sachet de cocaïne.

Parmi eux, des habitants de Saint-Etienne et Nancy, amis de longue date du principal suspect, ou des membres de SOS-Papa. Fabrice Devaux animait à Aix-en-Provence ce mouvement de défense des pères lors des divorces.

Au total, huit personnes sont mises en cause dans ce dossier de trafic de stupéfiants, dénonciation calomnieuse, association de malfaiteurs en vue de commettre un délit et remise d'argent en vue de commettre un crime. Audience les 18 et 19 mars avec comme pièces à conviction une malle et un pistolet anesthésiant.

Jean-Pierre BEUVE.

*Fabrice Devaux était modérateur au colloque d'Avignon le 8 février 2008 sur l'aliénation parentale

source/ journal Ouest -France

Des pères prêts à tout

Publié le 26/02/2009 N°1902 Le Point

Jusqu'où peut aller un père divorcé s'estimant injustement privé de ses trois enfants ? Pas de limite pour Fabrice Devaux, 39 ans, militant dans les Bouches-du-Rhône de SOS Papa, mouvement de défense des droits des pères.

Séparé de sa compagne en 2003, il enlève ses enfants à Caen, en août 2004. Muni d'un faux passeport, il part pour Perth, en Australie. L'escapade tourne court. En août 2005, le père récidive. Après neuf mois de cavale du sud de l'Europe aux Antilles, les fuyards sont retrouvés à Saint-Domingue. Pour soustraction d'enfants, le père a été condamné à trois ans de prison, dont un ferme, par le tribunal d'Aix-en-Provence en avril 2008. Mais depuis plusieurs mois déjà la PJ de Caen le piste : Devaux est soupçonné d'avoir caché 100 grammes de cocaïne dans la voiture de son ex-compagne. Il l'aurait ensuite dénoncée aux policiers caennais qui n'ont pas suivi cette piste, destinée à compromettre la mère et à négocier une garde alternée. Les écoutes téléphoniques ont révélé les relations approfondies de Fabrice Devaux avec deux caporaux du 2e régiment étranger du génie (Vaucluse) auxquels il est suspecté d'avoir proposé 30 000 euros pour enlever puis tuer son ex-compagne.

Le 31 mars et le 1er avril, le tribunal correctionnel de Caen examinera les suites de ce divorce explosif : le père, les militaires, deux adhérents de SOS Papa et trois complices répondront, entre autres, d'association de malfaiteurs et de remise d'argent en vue de commettre un assassinat.

Louis Laroque

Source le Point