La retraites des mères est sur la sellette !

Dans un «rapport spécial» publié mardi 23 décembre au Journal officiel, la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité (HALDE) , explique avoir été saisie de nombreuses réclamations de pères demandant de bénéficier de la même bonification que les femmes pour le calcul de leur pension. Mais sa demande aux pouvoirs publics ne se limite pas au cas des pères seuls, la Halde demandant une extension de la majoration à l'ensemble des pères.

Les femmes ayant travaillé dans le secteur privé bénéficient d'une majoration de leur durée d'assurance vieillesse de deux ans par enfant, qui peut leur permettre de partir plus tôt à la retraite.

Ces droits sont plus élevés pour les femmes, pour tenir compte des carrières souvent morcelées et des salaires moindres, mais des pères demandent que soit rétablie «l'égalité», avançant l'évolution du travail des femmes et du partage des tâches. La Halde a demandé au gouvernement d'accorder aux pères les mêmes avantages pour le calcul de leurs retraites que ceux attribués aux mères de famille.

La Halde «considère que l'impossibilité, pour les hommes qui ont élevé leurs enfants, de bénéficier de cette bonification, constitue une discrimination liée au sexe» et recommande par conséquent une «modification du Code de Sécurité sociale», dans un communiqué.

Par ailleurs, si l'on en croit La Tribune, le Conseil suggère une évolution du bonus de 10% de la pension accordée aux pères et pères de trois enfants et plus.

APPEL DES DINDES DU 24 DÉCEMBRE 2008

Cette « information » parue dans la presse le jour même des vacances de Noël, risque de passer inaperçue....

Le Monde daté du 19 décembre dernier annonce les préconisations issues d'un rapport du Conseil d'Orientation des retraites : la refonte des droits liés aux situations familiales et, tout particulièrement, la réduction des trimestres supplémentaires accordée aux mères de famille. Ce raisonnement s'adosserait sur une jurisprudence communautaire qui viserait une nécessaire égalité de traitement entre les hommes et les femmes.

Ce rapport [1] rappelle pourtant quelques réalités objectives :

  • «Les interruptions d'activité liées aux enfants, restent spécifiquement féminines (seulement 1,5 % des pères ayant un emploi cessent ou réduisent leur activité après une naissance, contre 35 % des mères).
  • Le chômage est en outre plus fréquent pour les femmes. Le taux de chômage des femmes âgées de 25 à 49 ans était ainsi de 8,1% en 2007, contre 6,6% pour les hommes de cette tranche d'âge.
  • Au total, le taux d'emploi des 15 à 64 ans s'élevait à 59,7 % pour les femmes et 69,0 % pour les hommes.
  • Le travail à temps partiel des femmes s'est fortement développé dans les années quatre vingts et quatre-vingt-dix avant de se stabiliser : depuis dix ans, les emplois à temps partiel représentent environ 30 % de l'emploi féminin (contre 5% de l'emploi masculin 80% des emplois à temps partiel sont ainsi occupés par des femmes. Dans près d'un tiers des cas, ce temps partiel est « subi », au sens où les femmes concernées auraient souhaité travailler davantage.

[1] Voir le rapport

  • Depuis le milieu des années soixante-dix, les écarts de salaire entre les hommes et les femmes se sont nettement réduits, mais ce rapprochement s'est interrompu depuis le milieu des années quatre-vingt dix. L'écart de salaire moyen entre les femmes et les hommes s'est stabilisé autour de 20 % pour les emplois à temps complet.
  • En termes de durée d'assurance, les femmes parties en retraite en 2004 ont validé en moyenne 20 trimestres de moins que les hommes (137 trimestres contre 157) malgré les majorations de durée pour enfant ; seules 44 % d'entre elles ont une carrière complète contre 86 % des hommes».
  • Les écarts de pension entre les hommes et les femmes sont importants : en 2004, les femmes retraitées de 60 ans et plus percevaient une retraite moyenne (droits propres, droits dérivés et minimum vieillesse) de 1020 € par mois, soit 62 % de celle des hommes (1636 €) ;des écarts d'ampleur comparable se retrouvent dans toutes les tranches d'âge…

Comment, dès lors, adosser une réforme sur le seul fondement de l'égalité entre les femmes et les hommes ?

La démonstration révèle à l'envi que « toutes les choses ne sont pas égales par ailleurs » et, par conséquent, que toute mesure qui vise à compenser, a minima, les écarts sus-visés relèvent d'une discrimination positive en l'espèce pleinement justifiable auprès des instances communautaires. A moins que le recours à Bruxelles ne relève que de l'alibi…

Si cette information parue dans un grand quotidien du soir a pour objet, selon un usage éprouvé, de mithridatiser les citoyens(nes) aux grandes réformes celle-ci n'aura pas produit l'effet attendu.

Nous soutenons ce collectif "APPEL DES DINDES DU 24 DÉCEMBRE 2008" qui rassemble des femmes et des hommes de toutes professions, tendances, catégories socio professionnelles, appartenances… Il est uni par une seule volonté : maintenir les faibles mesures de compensation des inégalités avérées dans les parcours professionnels des femmes.

Il apportera désormais une vigilance attentive aux développements du projet de réforme.

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L'association SOS les MAMANS se félicite que la Halde prenne ainsi fait et cause pour les pères, mais souhaite rappeler qu'au registre des discriminations les mères ne sont pas en reste, ainsi, nous demandons que le travail de soins aux enfants durant la vie commune (réduction du temps de travail ou arrêt d'activité pour élever les enfants, congé parental...) soit mieux rémunéré et ouvre aussi des droits à retraite !

Nous dénonçons aussi le travail féminin et par voie de conséquences des mères, plus précaire et moins bien payé. Enfin, les non-paiements des pensions alimentaires pèsent lourdement sur la paupérisation croissante des familles monoparentales, dans le même temps les pères séparés ont obtenu le partage des allocations familiales, qui se fait sans tenir compte des différences de revenus des parents avant et après la séparation.

Nous souscrivons et relayons L'APPEL AUX DINDES, initié par un collectif qui rassemble des femmes et des hommes de toutes professions, tendances, catégories socio professionnelles, appartenances, uni par une seule volonté : maintenir les faibles mesures de compensation des inégalités avérées dans les parcours professionnels des femmes.
Avec eux nous serons attentifs aux développements du projet de réforme.

Rejoignez ce collectif en vous adressant sur le site ci-dessous, ou adressez votre soutien à appeldesdindes@laposte.net afin de peser, avec nous, sur une telle décision.

L'équipe d'SOS les MAMANS