Police, justice : ça dérape

Après la mort de Charline 3 ans assassinée par son père : la justice mise en cause par la maman

La mort de Charline aurait-elle pu être évitée ?

Alsace DinsheimLe 03/12/08

« La demande de la mère de Charline était un droit de visite restreint »

Damien Blattner, qui a tué sa fille Charline, née le 29 décembre 2004, à Dinsheim-sur-Bruche avant de se donner la mort avait obtenu un droit de visite pour la première fois après avoir quitté le foyer familial. Une séparation faisant suite à des violences exercées par ce serrurier soudeur de 38 ans début octobre sur sa compagne. Plainte avait été déposée à la gendarmerie. L'homme était sous le coup d'une convocation au tribunal correctionnel de Strasbourg, le 5 mars prochain.

Hier matin, la mère de Charline, Nathalie Klein, 41 ans, a livré sa douleur et son désespoir dans un témoignage recueilli par les micros de nos confrères de France Bleu Alsace. Elle avait refusé de confier l'enfant à son père pendant deux mois, « pour la protéger », parce « qu'il menaçait de la tuer ». Elle relate comment à l'occasion d'une dispute violente, le père avait braqué deux doigts sur la tempe de sa fille. « Il l'a regardée dans les yeux et a dit : toi, je te tue ! Mais personne ne m'a crue ». Le père avait pour sa part nié ces menaces devant les gendarmes.

Un accord trouvé

Jeudi dernier, le couple était devant le juge aux affaires familiales (JAF) de Strasbourg pour discuter de la garde de l'enfant. Selon Caroline Nisand, procureur de Saverne, « arguant de la violence et de l'alcoolisme du père, la mère voulait la garde de sa fille, l'autorité parentale et demandait un droit de visite restreint pour son ex-compagnon ». Le juge devait se prononcer le 18 décembre. « En attendant, un accord a été trouvé pour que le père prenne sa fille du samedi 14 h au dimanche 18 h. »

Nathalie Klein affirme de son côté qu'elle a accepté en faisant confiance à la présence de la grand-mère. Mais lorsque le père est arrivé vers 15 h au domicile de cette dernière, chez qui il vivait depuis sa séparation, elle s'est absentée une partie de l'après-midi avec d'autres membres de la famille. C'est pendant cette absence que le père a commis l'irréparable dans la cave de la maison.
Le procureur de Saverne a indiqué hier « n'avoir aucun élément spécifiant que la grand-mère devait être présente lors du droit de visite », car « l'accord a été verbal ». Elle relève également « qu'il n'y a jamais eu de mention de violences à l'égard de l'enfant ». *Elle souligne enfin que l'alcoolisme du père n'était pas avéré et que les menaces évoquées par la mère « n'étaient pas corroborées ».

L'enquête se poursuit

Malgré la mort de l'auteur du crime qui éteint l'action publique, les investigations vont se poursuivre avec l'autopsie des corps aujourd'hui et les analyses toxicologiques. Et pour déterminer l'origine de l'arme utilisée, un 22 long rifle de facture étrangère, dont « la famille a priori n'avait pas connaissance ».

  • G.D-A.

www.lalsace.fr

Source journal L'Alsace

Charenton : un père se défenestre avec le corps mort de sa fillette de 8 ans

"la mère aurait amené l'enfant à son père deux jours auparavant"

Corinne Nèves | 31.07.2010

Un drame s'est déroulé samedi 31 juillet 2O1O, dans le Val-de-Marne. Un homme d'une trentaine d'années s'est jeté par la fenêtre de son domicile, au 5e étage, avec le corps de sa fillette de deux ans et demi qu'il aurait tuée auparavant. Des traces de sang ont été retrouvées dans l'appartement.

Rapidement sur place, les policiers et pompiers n'ont pu que constater le décès de l'adulte et de la petite fille. Celle-ci portait des traces de coups de couteau au sternum et aux yeux. "La fillette serait morte six heures auparavant", a précisé le responsable de l'enquête. "Après que les pompiers ont forcé la porte de la chambre, fermée de l'intérieur, nous avons trouvé des traces de sang dans le lit de l'enfant, ainsi qu'un couteau ensanglanté", a-t-il ajouté.

Confiée à son père
L'enfant avait 8 ans. Ses parents étaient séparés. Sa mère l'avait confié à son père deux jours auparavant, selon les premiers éléments de l'enquête
Le père, un étudiant argentin en philosophie âgé de 35 ans arrivé en France en 2005, était suivi pour des troubles psychiatriques. Il prenait des neuroleptiques (NDLR : médicament utilisé dans le traitement des psychoses).

Source la Parisien

TF1-LCI - le 03/12/2008

Le parquet de Strasbourg a réfuté tout dysfonctionnement mercredi dans la décision du juge aux affaires familiales de permettre au père de la petite Charline de prendre sa fille pour le week-end à son domicile où il l'a tuée samedi avant de se suicider.

Parce qu'elle s'était plainte à deux reprises aux gendarmes des coups et des menaces de mort de son ex-compagnon, la mère de la fillette, tuée par son père samedi, soutient au contraire que ce meurtre suivi du suicide du père pouvait être évité

C'est parce qu'elle faisait confiance à la présence de la grand-mère paternelle que Nathalie Klein dit avoir accepté de confier la fillette à son père, du samedi 14h au dimanche 18h. «Soi-disant que j'avais gardé ma fille pendant deux mois, qu'il était temps que son père la voie», a-t-elle dit lundi, relatant les propos du juge aux affaires familiales.

Pourquoi la garder deux mois ? « Pour la protéger, parce qu'il menaçait de la tuer ». En octobre, selon cette mère de 41 ans, son ex-compagnon avait posé deux doigts sur la tempe de la fillette pour mimer un pistolet en lui disant: « Je te tuerai ». Interrogé par les gendarmes, Damien Blattner, un métallier de 38 ans, avait reconnu ses violences mais nié le geste et les menaces de mort contre Charline.

L'homme était cité à comparaître devant le tribunal correctionnel de Strasbourg le 5 mars pour répondre de ses coups, selon Caroline Nisand procureur de la République de Saverne en charge de l'affaire. A Strasbourg où le couple était passé devant le Jaf jeudi, le vice-procureur de la République Claude Palpacuer a expliqué mercredi que tous deux avaient convenu verbalement devant le juge que Damien Blattner pourrait emmener la fillette chez lui pendant le week-end, jusqu'au dimanche à 18h00. Le juge devait fixer formellement le 18 décembre les modalités du droit de garde, de l'autorité parentale et des visites du père.

« La demande de la mère de Charline était un droit de visite restreint », a précisé M. Palpacuer.

Nathalie Klein, agent de production en Allemagne, a déclaré après le drame qu'elle avait accepté de laisser sa fille à son père pendant un week-end à condition que la grand-mère paternelle de la fillette soit présente.

L'accord verbal pour la visite n'a pas été formalisé par écrit car « ce n'est pas la pratique la plus habituelle », selon M. Palpacuer. Concernant la présence de la grand-mère, il a ajouté qu'en règle générale, « c'est aux parents de s'accorder sur les modalités » du droit de visite.

Samedi vers 14h, le père était passé prendre Charline chez son ex-compagne à Benfeld, l'avait emmenée à son domicile à Dinsheim-sur-Bruche où se trouvaient sa propre mère et différents membres de sa famille. Ceux-ci l'ont laissé seul avec l'enfant et sont revenus à la maison en fin d'après-midi.

Ce n'est que samedi vers 22 h que le corps de Charline a été découvert avec celui de son père qui avait retourné son fusil 22 long rifle contre lui. Les analyses toxicologiques ont permis d'établir que le père n'était pas sous l'empire de l'alcool ni de stupéfiants au moment des faits, a indiqué Mme Nisand. « Je ne pensais pas qu'il le ferait, mais il l'a fait », avait déclaré Mme Klein deux jours après le drame.

Pour elle, la faute est dans le camp de la justice, notamment celui de la juge « qui a pris la décision de mettre un enfant dans les mains d'un assassin ».

Pour le parquet de Strasbourg, le drame n'était pas prévisible: « Qui pouvait croire que ça se terminerait comme ça ? », s'interrogeait M. Palpacuer.

L'association SOS les MAMANS dénonce les droits des parents, menaçants, agresseurs, devenus littéralement intangibles. Même en cas de violences avérés, ces parents conservent toutes leurs prérogatives, et les sanctions contre les mères et intervenants tentant de protéger les enfants sont de plus en plus fréquents.

Il arrive trop souvent aussi que les plaintes de femmes agressées par leurs conjoints ne sont pas accueillies adéquatement par les juges et les autres intervenants de l'appareil judiciaire, ou qu'elles ne sont pas bien prises en ligne de compte dans l'évaluation de la compétence du père à assumer la garde des enfants (Abdelmalik, 1999; Neilson, 2000; Rosnes, 1997).

Les violences conjugales ont augmenté de plus de 30% en 4 ans

Ainsi depuis le début de l'année, huit femmes ont été tuées par leur partenaire en Seine-Saint-Denis. Presque à chaque fois, l'homme a profité de son droit de visite auprès de son enfant pour agir. "Même après avoir été condamné à de la prison, un père violent peut obtenir la garde de son enfant, la garde alternée ou le droit de visite", comme le souligne Ernestine Ronai, responsable de l'observatoire départemental des violences envers les femmes. "Les visites doivent être encadrées, et la mère et son enfant protégés"

De plus, dans les dossiers des tribunaux aux affaires familiales où des mères allèguent des situations de violence, les pères obtiennent la résidence des enfants dans deux cas sur trois. En voulant protéger leurs enfants les mères encourent la prison pour de non représentation d'enfant et perdent bien souvent la garde des enfants ensuite. Ils sont livrés ainsi par la justice au parent agresseur.

Nous alertons les pouvoirs publics sur ces dérives inadmissibles et destructrices pour les victimes ,et nous présentons toutes nos condoléances à Nathalie Klein, que nous soutenons dans son combat pour dénoncer ces manquements graves qui ont conduits à l'assassinat de sa fille.