Protéger la maternité

Constat: Le concept de l'attachement prioritaire à la mère suscite la controverse. Raillé par les associations de défense des droits des pères, qualifié de « valeurs pétainistes » réfuté par certaines féministes comme Mme Badinter, reléguant l'instinct maternel au rang de « mythe » et reprenant cette interrogation* ; « L'instinct maternel existe-t-il ou est-ce une énorme blague destinée à persuader les femmes que c'est à elles de faire le sale boulot ? ».
Ces propos ont pour les mères, et toujours selon Mme Badinter « (..) un effet incontestable de déculpabilisation de celles-ci et une influence décisive sur le changement des mentalités »

Ce débat a conduit à la non-reconnaissance sociale du travail de soin habituellement pris en charge par les mères et à la sur-valorisation, sans contrepartie exigée de travail effectif, du rôle paternel, nouveau "modèle" mensongèrement fondé sur les notions d'équité, d'intérêt de l'enfant et de maintien des liens biologiques .

Pourtant et comme l'affirme l'ASSOCIATION FRANÇAISE DE PSYCHIATRIE

« Chacun des deux parents a les mêmes droits, mais pas la même utilité au même moment, pour l'enfant. Méconnaître la prééminence de la mère au début de la vie, c'est méconnaître que le petit d'homme naît prématuré, qu'il poursuit alors son développement neuro-encéphalique et qu'il ne commence à s'individuer qu'après un temps d'intense relation avec la mère et avec le corps de la mère. Ce temps fondateur et sa nécessaire évolution ne sont pas compatibles avec l'exercice de droits des parents qui seraient égalitaires. Bien au contraire, il faut respecter le temps nécessaire pour l'enfant, son droit à lui. » (1)

Faire respecter les droits des mères à communiquer avec leur enfant

Notamment lorsqu'il est confié à leur père (en particulier vis-à-vis des pères qui interdisent tout contact avec la mère sous prétexte ‘'d'aliénation parentale'' ou de ‘'fusion avec l'enfant'') ou tout autre tiers, et faire respecter ainsi l'article 9 de la Convention Internationale des Droits de l'Enfant qui reconnaît à l'enfant séparé de ses deux parents ou de l'un d'eux aux enfants le droit fondamental « d'entretenir régulièrement des relations personnelles et des contacts directs avec ses deux parents, sauf si cela est contraire à intérêt supérieur de l'enfant. »

Le rapport à la mère est essentiel dans la petite enfance.*

*Le Professeur Tonnelier, chef de service de pédopsychiatrie : "Le rapport à la mère est essentiel dans la petite enfance."

Le Professeur en psychopathologie J.-L. Viaux dénonce cette fiction juridique : " La coparentalité est une sorte de fiction juridique : le couple parental est composé de deux êtres différents qui ne peuvent avoir le même lien, la même représentation - et sauf exception le même sexe - et comme l'enfant a été porté et accouché par l'un mais pas par l'autre cette dissymétrie a un sens qui transcende la réalité quotidienne et qui exclut que chacun élève l'enfant comme un éducateur abstrait et neutre. Ainsi, il faut vouloir la coparentalité non pour l'équité mais pour que l'enfant ait accès à la différence des genres, des sexes, des rôles, des représentations - rien à voir avec la machine à décompter le temps passé " (2)

On ne saurait mieux dire...

(1) Extrait du courrier de l'ASSOCIATION FRANÇAISE DE PSYCHIATRIE dans son courrier du 31juillet 2002 à Dominique PERBEN)
(2) J.-L. Viaux, Professeur en psychopathologie, expert agréé par la Cour de cassation, in Fonction et fiction du juridique : l'autorité parentale après la loi du 4 mars 2002, AJ Famille, septembre 2003, p. 293).