Quatre pères de famille dont le beau-père de trois fillettes, accusés d'agressions sexuelles

Un sale procès pour les victimes et la défense. Il y a plus de 10 ans, ils ont abusé des petites filles d'une famille à Gaillac. Elles avaient 6, 8 et 10 ans...

On a assisté à une descente aux enfers, hier, lors de l'audience correctionnelle du tribunal d'Albi. Quatre personnes, quatre pères de famille dont le beau-père de trois fillettes, accusés d'agressions sexuelles sur mineures entre 1996 et 1998, ont fait l'objet d'un mandat de dépôt à l'audience. Laurent Deviers, 44 ans, le beau-père indigne, qui a livré les fillettes de 6,8 et 10 ans, a ses potes de beuverie, a été condamné à 8 ans de prison ferme. Frédéric Caulet, 44 ans et Thierry Rivas, 46 ans, à 6 ans de prison. Patrick Menet, 55 ans, à 5 ans dont 2 avec sursis et mise à l'épreuve. Les quatre condamnés devront verser solidairement 12 000 € à chacune des victimes.

Ce n'est qu'en 2006 que la plus jeune des fillettes, ballottée comme ses sœurs de famille d'accueil en foyer, a commencé à parler à un éducateur. De son enfance brisée, du climat de violence, de l'alcool, des beuveries dans le squat qui leur servait de maison à Gaillac. Et des agressions sexuelles subies par elle et ses sœurs.

Elles ont maintenant 19, 21 et 23 ans et c'est tout près de leur avocat, Me Emmanuel Gil, qu'elles ont assisté au procès de leur beau-père et de ses copains.

Un est estropié à la suite d'un accident de la route. Le beau-père, victime de son alcoolisme chronique, n'est plus qu'une loque sur un fauteuil roulant. Un autre est décédé au cours de la procédure. Les deux autres vivotent tant bien que mal.

Ils ont quelques trous de mémoire mais les déclarations effectuées devant la juge d'instruction pèsent lourd.

Les apéros bien appuyés chez leur pote Deviers et puis cette ascension régulière dans la petite mezzanine où les fillettes dormaient sur un matelas. La mère, qui n'a pas tiré le gros lot en épousant Laurent Deviers, était souvent ivre morte. Elle n'a pas voulu voir ce qui se passait sous son toit. Elle était d'ailleurs absente lors du procès, elle n'a pas jugé bon de venir aider ses filles.

" Tout ce que je dis, ce n'est que le dixième de ce qu'il y a dans le dossier ", lance le président Redon. La nausée est au bord de toutes les lèvres lorsque le beau-père reconnaît que la bande de potes, ivres, a initié le jeune frère des fillettes à leurs jeux sexuels et dépravés. " Viens, on va te montrer comment c'est un homme ! "


De Rivas nie puis avoue, sous l'impulsion de son avocat, Me Frédéric Albarède. Caulet, lui, reconnaît qu'il n'est pas un pervers et qu'il n'aurait jamais fait de mal à ces gamines. Même si ses potes l'enfoncent.

Les avocats de la défense ont fait leur travail en plongeant eux aussi dans les bas-fonds d'une sale histoire. 13 ans après le cauchemar, certains potes ont peut-être changé mais la justice a suivi son cours.

Patrice Scoccia

Source la Dépêche